Faire vivre une certaine idée de la politique : lucide, fraternelle, et tournée vers l’avenir
En évoquant l’interview d’ Emilie Chalas cette semaine dans le Le Dauphiné Libéré, Sebastien Mittelberger dresse un bilan des énergies politiques à un an des élections municipales. Au détour, il écrit:
« L’avocat talentueux semble situer sa colonne vertébrale politique entre Horizons, mouvement initié par Édouard Philippe, et le PSU du regretté Michel Rocard. Son intelligence naturelle l’entraîne sans relâche à conjuguer l’art du verbe et de la doctrine avec son goût pour la rue et la proximité citoyenne. »
Ce portrait, au-delà de la personne, dit quelque chose d’une sensibilité politique. D’une façon d’être, de faire de la politique sans renier ni la pensée, ni la parole, ni le terrain. D’un courage tranquille qui m’accompagne dans les épreuves et les succès.
Il se réfère, en creux, à une filiation qui me parle : celle de Michel Rocard et d’Édouard Philippe. Deux hommes que tout semble opposer — la gauche et la droite, les époques, les familles politiques — mais qui partagent une même idée de l’action publique : exigeante, sincère, responsable.
Michel Rocard le disait avec justesse :
« Gouverner, c’est choisir. Et choisir, c’est renoncer. »
Cette phrase n’est ni sèche, ni désabusée. Rocard croyait à la force du compromis, au sérieux des choses, à la vérité qu’on doit au peuple, même quand elle dérange. Il savait que l’engagement politique n’a de sens que s’il s’ancre dans la réalité, et que la réforme, loin d’être une trahison de l’idéal, est souvent sa plus difficile et belle traduction.
Édouard Philippe, dans un autre registre, prolonge cette manière d’habiter la fonction publique. Il avance avec calme, assume les décisions difficiles, et rappelle que
« Le courage en politique, ce n’est pas de résister à l’opinion publique, c’est de lui dire la vérité. »
Entre Rocard et Philippe, je reconnais surtout un fil conducteur. Il tient en quelques mots : exigence, responsabilité, proximité. L’un et l’autre ont cru à une politique qui ne s’improvise pas, mais qui se construit, à une parole publique qui ne surjoue pas, mais qui rassemble, à un rapport au citoyen qui ne se limite pas à l’électeur, mais qui respecte la personne.
C’est cette ligne que j’essaie de prolonger, humblement, à travers ce que j’ai appelé durant la campagne législative un « centre populaire ». Populaire, non pas dans le sens du consensus facile ou du marketing politique, mais dans le sens du lien, du territoire, de la parole partagée. Un centre qui n’a pas peur d’avoir des idées claires, tout en gardant le souci constant de l’écoute, de la nuance et de la proximité.
Je crois que l’on peut réconcilier la doctrine, le verbe (une seconde peau) et la vie réelle (mon quotidien auprès de celles et ceux qui souffrent), les principes et les solutions concrètes. Je crois que la politique ne doit pas choisir entre l’exigence intellectuelle et la chaleur humaine. Je crois que l’on peut parler vrai et agir juste.
Ce que Rocard et Philippe ont en commun, c’est de ne jamais avoir cédé à la facilité. Ni à celle des grandes promesses intenables, ni à celle des renoncements silencieux. Ils nous rappellent que la responsabilité, lorsqu’elle est habitée avec sincérité, n’est pas froide : elle est chaleureuse, profondément humaine. Et que réformer, c’est aimer : aimer suffisamment son territoire pour vouloir le transformer, sans jamais le trahir.
Alors oui, c’est ce chemin que je choisis. Celui du courage tranquille, du lien tissé, de la parole tenue. Celui qui ne promet pas tout, mais qui agit pour l’essentiel.
Parce qu’au fond, il ne s’agit pas seulement de marcher dans les pas de Rocard ou de Philippe.
Il s’agit de continuer, avec vous, à faire vivre une certaine idée de la politique : lucide, fraternelle, et tournée vers l’avenir.