Incarner pour rassembler : une méthode de respect, une exigence démocratique

À Grenoble, les élections municipales approchent. Elles prennent, comme souvent ici, des allures de laboratoire civique. Les idées fourmillent, les collectifs naissent, les énergies s’éveillent. Et cela, disons-le franchement, est une richesse. Car il n’y a pas de démocratie vivante sans débats, sans voix diverses, sans tensions fécondes.
Je mesure cette demande depuis mon engagement comme secrétaire général de l’Union de quartier Foch-Aigle-Libération auprès de sa regrettée Présidente, Mme Foroni.
C’était il y à 34 ans. J’avais 20 ans.

Avant hier Sebastien Mittelberger , aujourd’hui Le Dauphiné Libéré, rapportent qu’une coalition citoyenne s’est constituée, revendiquant son ancrage à la gauche de la société civile.
Je salue cette initiative, et les femmes et les hommes de bonne volonté qui s’y engagent.
Mais au moment où tant de nos concitoyens doutent de la politique, ne nous trompons pas de réponse : la défiance à l’égard des partis ne justifie pas l’effacement des visages, ni la dilution des responsabilités.
On ne répond pas au besoin de clarté par davantage de flou. Une élection municipale, ce n’est pas une assemblée générale.
C’est une rencontre.
Entre une ville et une personne.
Entre une trajectoire et un projet.
Entre un visage et des engagements.

Car à la fin, les électeurs ne votent pas pour un nuage d’intentions. Ils votent pour une personne qui, demain, portera une vision, assumera des décisions, tiendra un cap.
Qui rendra des comptes.
Et cette exigence n’a rien d’archaïque : elle est profondément moderne. Les sondages le montrent depuis 2014 à Grenoble comme ailleurs : à chaque scrutin municipal, dont c’est la particularité, la prime va au candidat reconnu, lisible, identifié. L’abstention, elle, frappe d’abord les offres trop composites, floues, ou impersonnelles.

Ceux qui prétendent que “le collectif suffit” se trompent de terrain.
Oui, le collectif est précieux.
Il nourrit, il conseille, il inspire.
Mais ce n’est pas lui qui signe les arrêtés, qui arbitre entre deux urgences, qui parle au nom d’une ville.
Le collectif sans incarnation, c’est une chorale sans chef de …chœur : ça chante, mais ça ne tient pas la note.
Il ne s’agit pas ici de vanité personnelle – je suis avocat, ad vocare, je sais ce que signifie “parler pour” au nom des autres, dans leur intérêt.
Il s’agit de responsabilité politique.

C’est pourquoi je crois profondément à une autre méthode : incarner pour rassembler, et non rassembler pour incarner.

Je ne suis adoubé par aucun appareil, mais je suis allé me confronter au suffrage, en janvier dernier, lors de l’élection législative partielle. Ce n’était pas une victoire, mais c’était un début: sans structure, sans étiquette. En 8 semaines.
Avec ma suppléante Mylene Gourgand, et notre équipe co-animée par Adam Thiriet, nous sommes allé chercher une voix. Plus une voix. Et encore une voix…et enfin un socle.
Une voix entendue. Une parole donnée et tenue. C’est ma méthode.

Depuis, beaucoup m’interrogent. Mon nom revient. Peut-être parce qu’au-delà des lignes idéologiques, je tente de conjuguer la fermeté là où elle est attendue – sécurité, propreté, autorité républicaine – et la solidarité là où elle est indispensable – logement, égalité des chances, justice urbaine. C’est le fruit de mon parcours, et de mes convictions. Mais c’est surtout le signe d’une attente : celle d’un réformisme humaniste, ferme et juste, lucide et généreux.

Je continuerai donc à incarner ce que je crois. Non pas pour briller seul, mais pour fédérer large.
Non pas pour décider d’en haut, mais pour que chaque engagement ait un sens.
Et si je suis amené à porter un projet pour Grenoble, ce ne sera ni par calcul ni par opportunité : ce sera parce que j’ai la conviction que des électeurs me le demanderont, parce que des habitants le souhaiteront, parce qu’un collectif – oui – le soutiendra.

La politique ne doit pas effacer les visages.
Elle doit permettre leur rencontre.